20140308

Test: Nikon Series E 50 mm f/1.8 + NIKON D3




[FRA]
J'ai une relation assez paradoxale avec mon matos photo. Mon petit côté "jeusuizun'hommliiibre, pazunnumérôôô..." aurait tendance à vous dire que le matos, c'est vraiment le dernier maillon de la grande chaîne du petit processus créatif (ou le contraire). Et j'y crois sévère à cette idée. C'est avant tout ce qu'on a dans les tripes et au fin fond du crâne qui nous fait faire une photo. Il faut se regarder à l'intérieur avant de cadrer ce qui nous entoure. Et en partant de ce principe, peu importe l'appareil que tu as en main, petit lecteur mortel et addict aux forums où ça discute pixel et où c'est la guerre entre Full Frame et APSC, si tu sais ce que tu veux crier au monde et si ton cerveau est bien entraîné à travailler avec tes yeux... Tu pourras tout à fait shooter une véritable tuerie avec un jetable pendant que ton voisin shootera des platitudes dignes d'un designer de chez Renault avec un Leica M6 loadé à la Portra 160. Donc oui, c'est le photographe qui fait la photo, pas son appareil.

Pour autant, le matos n'est pas à critiquer en tant que tel. Au contraire, il est là pour répondre aux attentes de ceux qui savent ce qu'ils veulent. Et c'est là que j'avoue être fan de matos. Un vrai petit geek. Mais pas un geek de la niouserie à tout prix. pas non plus un geek de la performance record. Moi ce que j'aime avant tout c'est que mon matos me parle. J'ai pas envie de passer mon temps à chercher les commandes pour effectuer tel ou tel réglage... Mais j'aime faire mes réglages moi même. Je veux pas que mon appareil réfléchisse à ma place.

L'appareil que j'utilise le plus est un Nikon D3. Ses performances en terme de mesure, d'autofocus et de dynamique ombre/lumière (l'essentiel pour un boitier, selon moi) sont toujours d'actualité et surtout je l'ai parfaitement en main... Mais c'est vrai qu'il y a (encore) mieux sur le marché aujourd'hui. Et alors ? Moi il me va mon D3, comme un gant même ! Et c'est pas le pire. Là où ça se corse c'est que j'utilise des objectifs qui datent quasiment tous du siècle dernier ! Les objectifs d'aujourd'hui sont de vrais tueurs, rapides, précis, super sharp dans les détails et d'une fidélité à la réalité (presque) sans faille. Et c'est justement ce qui m'ennuie. Mon regard n'est pas neutre. Je ressens ce que je vois et je veux le traduire en terme d'ambiance et d'émotion, je veux montrer l'impression du moment plus que le moment lui même. Et pour faire ça j'ai encore rien trouvé de mieux que les imperfections liés aux systèmes photographiques : le flou, le flare, les balances des blancs décalées, le grain, les ombres bouchées, les contre-jours, etc. Etc. J'aimes ces imperfections parce que je suis moi même imparfait, ce sont donc elles qui traduisent le mieux ce que j'ai envie d'exprimer. Pour moi un objectif doit être tout sauf "objectif". Le simple fait de choisir une focale est déjà un acte de refus d'objectivité.




C'est l'ère du numérique qui m'a remis à la photo (comme beaucoup je pense) et j'adore les possibilités époustouflantes qu'offrent les boîtiers modernes, mais quand il est question de matos, c'est en chinant les brocantes et les petites annonces que je prends vraiment mon pied !
C'est dans cet esprit qu'il y a quelques temps j'ai craqué pour un Nikon EM de 79 et son objectif Series E 50 mm f/1.8. J'ai pas réfléchi deux fois, j'ai juste plongé la main dans ma poche et j'ai carrément dépensé 60 Euros pour l'ensemble. J'adore ce truc ! Je me lasse pas de shooter de l'Ilford HP5 avec. Mais j'avais jamais vraiment pensé à utiliser l'objectif sur mon D3. Alors aujourd'hui je me suis dit pourquoi pas. Et hop, je suis parti faire un tour dehors, l'appareil calé en mode A, sur 200 ISO et le pouce et l'indexe qui se baladent entre la bague de focus et celle du diaph.

Voilà ce que ça donne après léger traitement sous Lightroom et VSCO (réglé sur Kodak Portra 160 NC, pour faire chier mon voisin). Lightroom et VSCO, voilà un autre truc que j'adore ! C'est carrément dans l'esprit de ce que j'aime faire avec mon matos... Mais on en reparlera une autre fois.

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/200 - f/1.8 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/1600 - f/4 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/1600 - f/5.6 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/8000 - f/2.8 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/400 - f/4 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/1600 - f/5.6 - ISO 200

Nikon D3 + Nikon Series E 50 mm f/1.8
1/800 - f/2.8 - ISO 200


[FRA]
Alors soit, le niveau de piqué atteint pas celui d'un Nikkor 50 mm f/1.4 dernier cri (encore que, sur la dernière photo j'ai été assez bluffé). Il y a des imperfections dès qu'on s'éloigne du centre de l'image mais j'ai remarqué assez peu d'aberrations chromatiques et un flare somme toute assez contenu (c'est limite pas assez à mon goût). Donc, en conclusion, je le trouve très fréquentable ce petit 50 série E. Il a tout à fait sa place dans mon sac pour du reportage décontracté en lumière naturelle, la bague de mise au point est assez agréable à manier et le rendu lumineux au modelé assez doux se prête bien au style Nature & Découverte (option baba-cool)... Il doit aussi être assez sympa pour du portrait en extérieur, toujours en lumière naturelle, particulièrement en contre-jour. Je vais donc continuer de le fréquenter. Et surtout, je vais continuer de chiner !